Cette année marque le 60e anniversaire de l’Année de l’échange culturel entre la Chine et la France et de l’Année du tourisme culturel entre la Chine et la France. En août, coïncidant avec les Jeux Olympiques de Paris, c’est aussi la Saint-Valentin traditionnelle chinoise, le Qixi. Une exposition remarquable a eu lieu au Musée de Dunhuang, dans la célèbre ville chinoise de Dunhuang, située à environ 6 000 kilomètres de Paris. Ce musée, qui conserve plus de 13 000 objets d’art
Le Musée de Dunhuang a abandonné, le temps d’une exposition, ses codes habituels. Exit la solennité feutrée, les œuvres d’art figées dans l’éternité. Cette fois, ce sont des compositions florales contemporaines, éclatantes de couleurs, qui ont volé la vedette dans les vitrines de verre. À leurs côtés, des lettres d’amour manuscrites. Mais pas les mots d’artistes célèbres ou de grandes figures historiques : il s’agit de déclarations venues de couples chinois anonymes, traversant les décennies. Mettre sur le même piédestal la tendresse ordinaire et les trésors nationaux ? L’idée avait de quoi surprendre, et pourtant, la magie opère. Difficile de ne pas être touché par ce geste inattendu, par cette mise en scène où l’intime rencontre le patrimoine.
L’approche tranche avec les habitudes françaises, où la passion s’affiche volontiers en pleine lumière. En Chine, offrir des fleurs prend une dimension presque cérémonielle, empreinte de pudeur. C’est cette discrétion, cette délicatesse, que l’organisateur Meituan Waimai Flowers a voulu mettre en avant. Fleurs et lettres d’amour sont exposées côte à côte, comme on présenterait des pièces rares. Le fil rouge de l’événement : révéler la force des émotions souvent tues, ces « trésors jamais exposés » qui palpitent en silence et méritent, pour une fois, toute notre attention. Sous la vitre, ce ne sont pas que des pétales ou des mots, c’est une part de la vie ordinaire qui s’offre au regard.
L’exposition ne se contente pas d’un simple face-à-face entre œuvres et spectateurs. Elle invite chacun à franchir le pas. Les visiteurs peuvent admirer les bouquets et les lettres, mais aussi adresser leurs propres mots à ceux qu’ils aiment. Un dispositif interactif leur permet de déposer ces messages, qui viendront compléter la collection du musée. Et pour marquer ce moment, chaque participant repart avec un certificat en édition limitée. Une expérience rare : il n’est pas donné à tout le monde de voir sa déclaration d’amour rejoindre, le temps d’une Saint-Valentin, les archives d’un musée national. Soudain, l’intimité devient patrimoine, la parole individuelle rejoint la mémoire collective.
À Dunhuang, les fleurs se font messagères de sentiments profonds, tout aussi dignes d’être conservés que les plus anciens artefacts. Peut-être faut-il voir là le visage singulier de la romance à la chinoise : une émotion qui se chuchote, mais s’imprime pour toujours dans la mémoire des lieux.


